#9 – The Fits (Anna Rose Holmer)

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Le premier long-métrage d’Anna Rose Holmer est transcendé par une force brute qui est celle de l’éveil sensoriel et électrique. La jeune et magnétique Toni qui débarque dans le gymnase, c’est aussi Anna Rose Holmer qui arrive dans la cour des grands pour mettre en fusion toutes les énergies libératrices que peut proposer le cinéma. The Fits relève à la fois du ballet, du fantastique, du film d’initiation et du documentaire expérimental. Mais si le film s’attache à une personne en particulier, la jeune et énigmatique Toni, c’est surtout l’éveil corporel de tout un groupe de jeunes filles qui est scruté par une caméra prête à capter l’image d’une transfiguration collective. En cela il se rapproche étrangement de L’homme à la caméra de Dziga Vertov. Le gymnase est un lieu de voyeurisme et de compétition, un lieu public où le corps s’affronte à d’autres, se mesure et grandit.  Le corps y quitte son innocente enfance protectrice. L’entrée dans l’âge adulte est une symphonie douloureuse. Les premiers émois arrivent ainsi chargés dans The Fits. Ils sont chargés d’attirance physique, de coups, de douleur et de la fatigue qu’implique le dépassement de soi. Tous ces émois percent violemment les corps des adolescents. Ça ne prévient pas. Le phénomène finit par s’exprimer de façon fantastique par des pulsations irrépressibles.  Et en même temps, il n’y a rien de fantastique à voir une telle rupture dans des corps tendus et sommés d’évoluer le plus vite possible, des corps qui ne respirent même plus. Car lorsque l’entraînement s’offre une parenthèse, les jeunes sportifs adolescents se laissent aller à la séduction. Se poursuit alors l’affirmation d’un corps adulte en perpétuelle mutation.

De ce groupe émerge Toni, une jeune adolescente de 11 ans qui s’adonne à deux sports très organiques, la boxe puis ensuite le drill, une danse qui la captive et qu’elle ne maîtrise pas. Elle s’entraîne sans relâche, toujours avec un mutisme déterminé et raisonné qui dénote une maturité assez captivante. Elle apprend à être en rythme avec des adolescentes plus âgées qu’elles et un grand frère boxeur, tendre complice de vestiaires. The Fits est un film d’apprentissage, un film de petits pas qu’on cale sur d’autres pour en faire de grands. Comme une course avant un saut. Et à la fin, c’est la légèreté qui l’emporte. Elle est exprimée de façon complètement physique par Anna Rose Holmer qui soulève Toni du sol du gymnase, magnifique mouvement par lequel Toni quitte la chrysalide de son enfance. La beauté de l’adolescence est dans ce geste. Celui qui définit la possibilité d’une légèreté au bout d’une longue route douloureuse.

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Tino Tonomis

1 réflexion sur « #9 – The Fits (Anna Rose Holmer) »

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